24 Février 1982 : Amandine, le premier bébé éprouvette français, est née ! Après elle, des milliers d’autres suivront. En 2010, plus de 22 400 naissances étaient issues d’une procréation médicalement assistée, soit un nouveau-né sur quarante.
Printemps 1981 : les parents de la future Amandine sont pris en charge au sein de l’hôpital Béclère, à Clamart. Jacques Testart, chercheur à l’Inserm, et René Frydman, gynécologue obstétricien, sont aux commandes. La mère est alors hospitalisée pour prélever un ovocyte fécondable.
Le moment de cette ponction est minutieusement déterminé : elle doit avoir lieu juste avant l’ovulation, lorsque l’ovocyte est mature mais n’a pas encore été expulsé de l’ovaire. Ce timing nécessite des dosages incessants de l’hormone LH dont le pic de production précède l’ovulation. Ce monitoring est devenu totalement désuet puisque des traitements permettent aujourd’hui de bloquer l’ovulation et de contrôler son déclenchement afin de prélever l’ovocyte à un moment choisi.
En 1981, le prélèvement se fait sous anesthésie générale, par cœlioscopie via le nombril à l’aide d’une fibre optique. Une incision est effectuée au niveau de l’ovaire et le liquide contenant l’ovocyte mature est aspiré. Aujourd’hui, le contrôle échographique a remplacé la fibre optique, permettant un prélèvement par voie vaginale beaucoup moins invasif.
Ensuite, l’ovocyte et les spermatozoïdes sont extraits de leurs milieux et nettoyés en couveuse à 37°C, pour éviter tout choc thermique. Ils sont mis en contact dans une éprouvette où doit théoriquement avoir lieu la fécondation. Quelques heures après, le clinicien plonge l’ovocyte dans un milieu de culture, en espérant y retrouver un embryon de 6 à 8 cellules trois jours plus tard. Si c’est le cas, l’embryon sera transféré dans l’utérus de la mère à l’aide d’une longue et fine seringue.
Informations complémentaires
"En dehors de l’aspect clinique du prélèvement, le processus de base de la fécondation in vitro a finalement peu évolué, estime Michael Grynberg*, gynécologue-obstétricien. La rencontre de l’ovocyte et du spermatozoïde se fait toujours à peu près dans les mêmes conditions. Des progrès ont cependant augmenté les chances de fécondation pour certains couples. En effet, l’injection d’un spermatozoïde sélectionné directement dans l’ovocyte (ICSI) permet aux hommes ayant très peu de spermatozoïdes dans l’éjaculat de pouvoir procréer. Par ailleurs, des traitements hormonaux ont été développés et permettent désormais de stimuler plusieurs follicules à la fois, dans le but de récupérer plusieurs ovocytes et ainsi d’obtenir plusieurs embryons à transférer. Les embryons surnuméraires pourront également être congelés en vue de tentatives ultérieures", illustre-t-il. "Enfin, sur le plan technique, la qualité des incubateurs s’est améliorée, avec un meilleur contrôle de la température et des conditions de culture".
* Service de médecine de la reproduction, Hôpital Jean Verdier, Bondy - Unité Inserm 782